
Les traces de présence humaine en Finlande remontent à plus
de 7 000 ans avant notre ère. Il s'agit certainement de
Sames (« Lapons »).
Vers le Ier siècle, les Finnois,
fraîchement débarqués d'Europe centrale, persuadent
les anciens occupants d'aller voir au-dessus du Cercle arctique polaire
s'ils y sont. Ce que les Sames, pacifiques, font.
Non sans bougonner.
Le Same est bourru.
Onze siècles prospères plus tard, le roi de Suède Éric
IX Jedvarsson, dit Éric le Saint, décide de catéchiser
ces rustres de Finnois, à coups de pied dans le ventre, histoire
de leur apprendre à aimer leur prochain.
Accessoirement, et méthodiquement, les Suédois sautent sur
tout ce qui a l'entrecuisse odorant, les cheveux longs et la cuisse ferme.
Passent quelques siècles durant lesquels, guerres entre Russes et
Suédois, famines et épidémies de constipation se la
disputent.
Au tout début du XIXe, les Russes
— qui attendent leur tour depuis environ un sixain de siècles
— déboulent avec la bénédiction du petit Corse.
Ils culbutent hardiment tout ce qui a l'entrecuisse odorant, les cheveux
longs et la cuisse ferme.
Dans un même élan, ils tentent de russifier la Finlande avec
plus ou moins de pédagogie, plus ou moins de succès. Car voici,
« Printemps des Peuples », le XIXe siècle
— durant lequel émerge, même du plus infime et insignifiant
village perché, une conscience nationale qui fait vibrer la lèvre
inférieure et tonner la poitrine velue des vrais hommes — est fatal à leur
entreprise de russification.
Le 6 décembre 1917, tirant profit de la cohue provoquée
par la Révolution bolchevique, le Parlement finlandais découvre
que « République de Finlande », sonne mieux
que le « Grand-duché de Machinchoski » de ces
métèques de buveurs d'alcools frelatés.
La République de Finlande était née.
Sans changer de main, entre 1918 et 1919, 20 000 communistes finlandais sont exécutés à la suite d'une tentative de révolution du même acabit que chez les sauvageons d'à-côté. Cette révolution malvenue est réprimée par l'Allemagne et le général Carl Gustaf Emil Mannerheim, jadis engagé volontaire dans l'armée du Tsar.
Le comportement de la Finlande durant la guerre russo-finnoise (Seconde
Guerre mondiale) est contradictoire, voire suspect, voire pas joli-joli.
Le bruit court encore que les Russes y sont pour quelque chose. Les Allemands
aussi. Et puis les Américains, les Anglais...
En bref, les Russes prient les Finlandais de leur octroyer un petit bout
de terre près de Leningrad pour se protéger des vilains Chevaliers
teutoniques qui semblent avoir comme des idées malsaines dans le
derrière de leurs têtes carrées.
Les Finlandais refusent et paf ! C'est l'invasion !
Les deux pays avaient pourtant signé un pacte de non-agression !
Qu'est-ce qu'il s'est-il donc bien pu se passer ? Ah ben ça !
Plus tard, tirant profit de la tentative d'invasion de l'URSS par Hitler,
les Finlandais se lancent dans la reconquête de ce qu'ils avaient
perdu. Ils y parviennent sans trop de difficultés.
Aujourd'hui encore, cette brève, glorieuse et peut-être unique
victoire dans l'Histoire de la Finlande reste une intarissable source d'orgueil
national.
Malheureusement, les Finlandais, grisés par cette victoire, se demandent
si ils ne pourraient pas, des fois qu'on sait jamais, rogner un peu le territoire
soviétique.
Comment un pays avec la densité de peuplement la plus faible d'Europe
a-t-il pu se lancer dans une telle logique expansionniste ? Était-ce
réellement l'ivresse que procure la victoire ou bien de la rancune
?
Toujours est-il que, comme l'Histoire le montrera, les Finlandais font le
mauvais choix en s'alliant à l'Allemagne Nazie.
La guerre finie, la Finlande, qui aurait peut-être dû accepter
de céder ce malheureux bout de terrain même pas près
du centre-ville, doit louer Porkkala à l'URSS, qui y installe une
base militaire.
Elle voit également son territoire amputé de 10 p. 100 (la
région de Petsamo, qui est pourtant stratégique par ses richesses
en Nickel, et son accès à l'Océan arctique) et doit
également payer une dette de 1,5 milliard de francs à la Russie.
Le paradoxe de cette dette, c'est qu'elle devient une source de prospérité
pour le pays. L'obligation de payer des réparations à l'Union
soviétique contraint la Finlande à s'industrialiser. La
Finlande, principal partenaire occidental de l'URSS, va se muter en un état
riche, avec l'un des meilleurs niveaux de vie au monde.
Ensuite, à l'instar de leurs nouveaux amis russes, les Finlandais
n'auront qu'un chef nommé Urho Kekkonen (au centre de la photo et
avec les lunettes).
Urho auraient bien aimé, pendant la guerre et contrairement au germanisant
Mannerheim, s'entendre avec les Russes.
Ces derniers le lui rendent bien en lui donnant du boulot jusqu'en 1981.
Le comportement de la Finlande durant cette période se nomme « finlandisation ».
Retenez bien ce mot.
La finlandisation est aux Finlandais ce que Vichy est aux Français.
Vers
1990, le naufrage de l'empire soviétique remet en question les certitudes
économiques des Finlandais qui, soudainement, se découvrent
une passion sans limite pour l'occident et son éden capitaliste.
On les voit alors prêts à tout pour faire montre de bonne volonté
à leurs nouveaux amis : invention du téléphone
portatif qu'on met dans la poche, europtimisme quasi mystique, Internet
partout, « Ici, on parle anglais » partout, Santiags
au sauna... bref, de vrais fayots.